Aimer d'une façon inconditionnelle signifie-t-il devoir tout endurer de la part des autres?
J'entends régulièrement des gens dire que l’amour inconditionnel est possible avec certaines personnes ou dans certaines situations, mais qu’avec d’autres, c’est tout simplement impossible.
Monsieur me dit par exemple que s’il aime son fils d’une façon inconditionnelle quand il découvre que ce dernier se drogue et de ce fait ne le lui interdit pas, cette décision est très malsaine et ne peut définitivement pas être une preuve d’amour de la part d’un père. Il est convaincu que son fils continuera à se droguer s'il le lui permet et qu’un père qui aime son fils ne peut certainement pas prendre une décision qui lui nuirait.
Ce genre de résistance et d’objection typiques de la plupart de nous n’est qu’une expression de notre ego. Celui-ci ne peut absolument pas comprendre les notions spirituelles. Le concept de l’amour inconditionnel fait partie du monde spirituel et non du monde matériel qui comprend les aspects physique, émotionnel et mental de l’humain.
Aimer inconditionnellement veut dire accepter, reconnaître, observer une attitude sans la juger ou la condamner. Que cette attitude soit positive ou négative, on l’observe et on l’accepte tout simplement en se souvenant que chaque humain a le droit d’être différent. Mentalement, nous croyons qu’accepter signifie être d’accord avec l’attitude (être) et le comportement (action). Quand nous sommes influencés par notre aspect matériel, nous nous fions à notre perception qui est basée sur tout ce que nous avons appris dans le passé. La perception vient toujours de la mémoire ou l’expérience passée de la personne qui perçoit. Nous percevons donc en général d’une façon différente des autres.
En revenant à l’exemple précédent du père qui découvre que son fils se drogue, il est évident que sa perception de l’amour inconditionnel vient de sa dimension mentale. Il croit qu’aimer son fils inconditionnellement signifie être d’accord avec sa décision. Voilà pourquoi il résiste autant à expérimenter cette forme d’amour. Il dira : Je ne peux pas dire à mon fils que je l’accepte, car il continuera à se droguer et peut-être encore plus s’il sait qu’il a mon approbation.
En réalité, accepter véritablement c’est pouvoir dire oui à ce qui se passe même et surtout lorsque nous ne sommes pas d’accord. Nous savons que nous ne sommes pas d’accord, que ce genre d’attitude ne correspond pas à notre préférence, mais nous pouvons accepter que pour le moment ce soit ce qui se passe. Voilà ce que signifie accepter, aimer d’une façon inconditionnelle. Il est impossible à qui que ce soit de VRAIMENT SAVOIR ce que veut dire aimer inconditionnellement tant que cette forme d’amour n’a pas été assimilée et expérimentée.
L’étape nécessaire pour arriver à aimer inconditionnellement est de reconnaître que chaque personne sur terre est responsable à 100 % de ses actes. Oui mais mon fils n’a que 15 ans, je suis encore responsable de lui me dira le papa. En devenant une personne responsable, ce père saura que son enfant peut décider ce qu’il veut dans la vie, car c'est lui-même qui devra assumer les conséquences de ses actes.
L'autre étape nécessaire pour une vraie prise de responsabilité de la part du père est de savoir qu’il s’est attiré un fils qui lui fait vivre des choses difficiles pour apprendre à s’accepter lui-même. Le moyen pour découvrir ce qu’il doit accepter dans la façon d'être de son fils est de vérifier de quoi il le juge quand il se drogue. S’il le juge d’être lâche, faible ou dépendant, son fils est dans sa vie pour l'aider à découvrir qu’il n’accepte pas d’être ainsi lui-même et ne se le permet pas. Ni le père, ni le fils n’acceptent ses façons d'être.
Vous constaterez que je parle toujours d’accepter une attitude, une façon d'être et jamais un comportement. Cela signifie que ce n’est pas le fait de se droguer que le père doit accepter, c'est accepter ce qu'il juge d’ÊTRE lâche, faible et dépendant.
Pour terminer, voici comment un papa pourrait approcher son fils dans ce genre de situation : J’ai découvert que tu te drogues et je veux te dire que je ne suis pas du tout d’accord. Ça me fait beaucoup de peine et me fait très peur. Je sais que je pourrais t’interdire la drogue, te menacer de ne plus te donner d'argent de poche, t’interdire de sortir de la maison, mais je sais aussi que tu finirais par trouver un moyen de le faire quand même. Et puis mon attitude contribuerait à nuire beaucoup à notre relation. J’ai appris que je dois utiliser cette situation pour découvrir ce qu'elle peut m'apprendre et pour y arriver, je dois découvrir ce que je te juge d’être. Eh bien, je te juge d’être lâche, faible et dépendant. Il semblerait que si je te juge d’être ainsi, cela indique que je me juge aussi de l’être parfois avec moi-même ou les autres et que toi aussi tu me juges parfois. Peux-tu me dire dans quelles circonstances tu m’as jugé d’être lâche, faible et dépendant avec toi ou avec quelqu’un d’autre ?
Dès l’instant où une personne se permet ce genre d’expérience, il se produit ce que j’appelle un miracle. Dans notre exemple, le fils, ne se sentant pas jugé par son père, se sentira libre de lui répondre à quel moment il l’a jugé. Le miracle est que le père et le fils se sentiront mieux après leur conversation, ils sentiront le respect de l’autre. Le fils pourra partager avec son père comment il vit son expérience. Ce n'est que lorsqu'il décidera qu’il ne veut plus assumer les conséquences nuisibles de sa dépendance qu’il pourra arrêter. De nombreux parents m'ont raconté que leur enfant avait arrêté très rapidement la drogue après une conversation de la sorte.
Un autre moyen utilisé par de nombreux parents semble produire de très bons résultats. Le père demanderait à son fils Si les rôles étaient inversés, que ferais-tu à ma place ? Quelles sont les mesures, les décisions que tu prendrais ? Il se peut que le fils lui dise qu’il ne lui donnerait plus d’argent de poche et qu’il devrait travailler pour payer sa drogue. Ainsi, le père pourrait donner des travaux à faire à son fils ou lui permettre de gagner ailleurs l’argent dont il a besoin. Il est important que le parent respecte la suggestion de son enfant. Elle est d'ailleurs assez souvent plus sévère que ce que le parent aurait décidé.
Je vous souhaite de profiter des nombreuses occasions qui se présentent chaque jour pour pratiquer à vous aimer, ainsi que les autres, inconditionnellement. Chaque fois que vous le ferez, ce sera comme renforcer un muscle, cela deviendra de plus en plus facile à répéter.
Avec amour,
Lise Bourbeau
Pour une démarche intérieure plus en profondeur, nous vous suggérons les articles suivants :
- Atelier Être bien
- Livre Écoute Ton Corps Tome 1 ou Écoute Ton Corps - Version Homme
- Livre Amour, Amour, Amour
- Conférence 006 Être responsable c'est quoi au juste?
- Conférence 034 Jugement, critique ou accusation
- Conférence 083 Accepter, est-ce se soumettre?
- Conférence 116 La puissance de l'acceptation
- Détente 023 Aimer sans être attaché