J'ai enfin terminé toutes mes pratiques, mes évaluations sont complétées et réussies, je suis maintenant prête à rencontrer mes premiers clients! Je suis super fière, excitée et en même temps paniquée. Je veux tellement réussir. C'est un rêve qui se réalise après 3 ans de travail. Enfin, je reçois un appel, une première cliente qui veut un rendez-vous avec MOI! Wow de Wow! C'est un rêve devenu réalité. Je lui parle un peu et on fixe un rendez-vous.
Le jour « J » arrive, je suis dans mon salon, j'ai hâte et j'ai peur, j'ai le coeur qui bat la chamade, je pratique les respirations que j'ai apprises, inspire 4, retient 4, expire 8. J'essaie de me calmer, je veux être entièrement disponible pour ma première cliente. Je veux être à la hauteur, bonne, l'aider. J'en rêve depuis tellement longtemps, ça doit être parfait. Je dois être bonne et en plus elle va me payer donc je ne peux pas me permettre d'être poche (nulle), elle doit absolument être satisfaite, en avoir pour son argent. IL FAUT, IL FAUT, IL FAUT.
- Bonjour! Est-ce que la route a bien été?
-Oui merci.
Et là, on s'assoit dans mon bureau face à face. Moi avec mon coeur qui veut sortir de ma poitrine et toute ma bonne volonté. Et elle, avec sa problématique et son désir d'améliorer sa qualité de vie.
Je l'écoute à demi (pourtant je suis bonne pour ça habituellement), car mon coeur demande beaucoup de mon attention. Et j'ai le cerveau dans le jello (en gélatine). J'ai toutes mes techniques en-tête, laquelle prendre? Quelle question poser? Comment l'aider? Je veux tellement être bonne, mais je n'y arrive pas. Je me sens nulle. Mais j'essaie, je pose des questions, je la guide, je propose des actions. Tout en continuant de me dénigrer. Imaginez ce que je dégage en énergie. Ouf!
Enfin, ça fait une heure, c'est terminé, moi qui m'imaginais un grand moment de gloire et de thérapeute exemplaire. C'était terminé, j'étais démolie, détruite. Je lui disais au revoir en espérant qu'elle revienne, qu'elle m'ait trouvée bonne quand même.
Croyez-vous qu'elle est revenue? Eh bien non, et moi j'étais démolie, triste, je me trouvais si nul et mon grand rêve de thérapeute était détruit...
Grâce à cette première expérience, j'ai pris CONSCIENCE de ma blessure de rejet qui s'est activée. J'étais paniquée, j'avais peur et je me rabaissais « Té nulle, té pas bonne, té pas capable, tu n’y arriveras pas, laisse ce travail aux autres, tu n'as pas d'expérience....» Et là, j'avais le choix, soit je continue de me dénigrer et j'abandonne, soit je commence à ACCEPTER cette partie souffrante en moi et je m'en occupe. J'ai choisi l'option 2.
De plus, je prends ma RESPONSABILITÉ, avant de faire mes consultations j'ai un petit rituel qui me permet de lâcher-prise sur les résultats et d'être présente à l'autre. Maintenant la cassette de destruction ne s'active plus et je me sens bien après une consultation. Je me sens fière d'avoir aidé un autre être humain à améliorer sa qualité de vie.